• Benzema : C'est quoi le problème ?

    Prévisible, aucune capacité à créer du jeu, une défense toujours en chantier, l'équipe de France a une nouvelle fois déçu ses supporters face à la Géorgie. Timide, trop peu sure de sa force et de sa qualité, elle ne s'en est que trop remise au tout nouveau meilleur joueur européen de l'année, Frank Ribéry. Oui mais voilà, Ribéry, il a beau être le meilleur, quand il joue en sélection, il fait à peu près toujours pareil : des débordements qui se finissent par des centres de qualité moyenne ou des retours dans l'axe qui se finissent par des frappes. On ne peut cependant pas lui enlever le fait qu'il mouille le maillot. De même qu'on ne peut pas dire que ses attaquants l'aident à trouver une solution.

    Dans ce 4-4-2 aligné très rarement par Deschamps, un homme s'est démarqué. Karim Benzema.

    Benzema : C'est quoi le problème ?

    Et un chiffre, qui lui colle à la peau : 1217. C'est le nombre de minutes d'affilée pendant lesquelles il est resté muet avec les bleus. Un record. Et c'est justement peut-être ça le problème. Ça lui colle à la peau. La pression, ça ne s'invente pas, dans ces cas-là est énorme. Sur le joueur, sur les choix qu'il a à faire et lorsqu'il se retrouve devant le but. Mais devant le but, Benzema ne s'y est pas trouvé souvent. Un tir. Enfin, disons plutôt une tête, qui ressemblait plus à une remise ratée. C'est triste à dire, mais cette action résume totalement la situation dans laquelle se retrouve le natif de Lyon.

    Cette réussite qui le fuit est un véritable bouleversement pour le joueur de 25 ans, lui qui avait terminé la saison 2007/2008 meilleur buteur du championnat de France, lui qui avait une place prépondérante dans le collectif lyonnais, lui qui avait impressionné l'Europe de ses éclats en Ligue des Champions. Benzema représentait alors le pur produit du centre de formation lyonnais : jeune pousse, qui avait fait ses classes et qui, une fois arrivé en équipe première, démontrait tout son talent. Ça n'a pas loupé, meilleur joueur du championnat, il est finalement transféré au Real Madrid pour 35 millions d'euros. Une belle somme à l'époque (nous n'étions alors pas habitué à voir des dépenses pharaoniques en Ligue1). Peut-être que ça aussi ça a joué sur son rendement.

    Au Real Madrid, il a des statistiques convenables. Surement pas pour rester dans les annales de la Maison Blanche, mais assez pour garder sa place. Avec le départ d'Higuain, il a même une place de titulaire. En trois match, il a déjà marqué deux buts. Et pourtant, les supporters madrilènes font comme la majeur partie des français, ils le sifflent. Pourquoi ? Parce qu'il ne marque pas, ou pas assez. Les supporters veulent du concret, et n'arrivent que trop peu souvent à voir l'importance que prend le français dans le jeu.

    Justement, le poids dans le jeu. Au Real, oui. En équipe de France, pas encore assez. Et pourtant, il se trouve être très souvent passeur décisif. Disons du moins à l'époque où notre équipe nationale savait marquer. Pour rappel, la dernière fois, c'était face à la Géorgie, au match aller et une victoire 3-1 des bleus. Mais comment faire pour retrouver le Benzema de Lyon ? La réponse paraît toute bête : en l'utilisant comme il l'était à Lyon. Davantage 10 que 9, il adorait redescendre chercher les ballons bas et remonter le terrain, sur le côté gauche notamment. Ce côté gauche. Depuis son transfert au Real il ne le connait plus vraiment. Il joue en pointe. Et ça fonctionne plutôt pas mal. Mais voilà, au Real derrière, il a des joueurs comme Ronaldo, Di Maria, Isco ou encore Özil, qui s'est engagé du côté d'Arsenal cet été. En France il a Valbuena, Ribéry ou Nasri. Sans remettre en question le talent de ces joueurs, leur nom éclabousse quand même moins que ceux des stars madrilènes.

    Du coup, on peut en conclure que Benzema n'est plus capable de faire la différence tout seul comme il le faisait à l'époque lyonnaise. Il lui faut que son but lui soit déposé sur un plateau. Terrible situation pour un buteur. Notamment pour celui que l'on présentait en France comme la relève de Thierry Henry. Pour la relève, c'est pas encore ça. Seulement 15 buts en 60 sélections. Trop peu, pour ne pas dire bien trop peu pour un joueur qui marquait son première but lors de sa première sélection, contre l'Autriche (1-0).

     

     

    La situation actuelle fait que Benzema est au courant de son manque d'efficacité. Pourtant, Deschamps continue de le titulariser. Ne faudrait-il pas plutôt le laisser de côté et le faire entrer en cours de jeu, quand l'équipe mène déjà 2-0 afin de lui retirer toute pression ? Car il a été dit et répété que Benzema était l'atout numéro 1. C'est une récompense mais aussi un fardeau pour un attaquant qui doit alors assumer ce rôle qu'on lui donne et qu'il n'a pas forcément désiré.

    C'est certes la dure loi du football professionnel, mais Benzema ne reste pour autant pas moins qu'un jeune homme de 25 ans, qu'il faut critiquer quand c'est nécessaire mais aussi encourager dans les moments difficiles. Car, et c'est une loi de la nature, le talent, quand on l'a, on ne le perd pas. Il ne lui reste donc qu'à répondre aux critiques sur le terrain et à remercier ainsi ceux qui sont toujours derrière lui, pourquoi pas en plantant un petit triplé ce mardi contre la Biélorussie. Pas certain cependant que ça suffise à faire taire ses détracteurs. La vie de footballeur n'est pas un long fleuve tranquille. Et ce n'est pas Benzema qui dira le contraire.

     

     

    Mullois Quentin.

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